projet pour une place

Projet pour une place (proposition pour le futur)

maquettes pour un projet sculptural en milieu urbain, non réalisé

2009

 

Structure :

Sur une place, des plaques métalliques rectangulaires (170x70x2cm) affleurent au sol. Elles y sont incluses, il est possible de marcher dessus. Elles sont disposées selon un dessin précis, fonction des rues débouchant sur la place. Elles dessinent quatre lignes formant deux angles. Les plaques sont montées sur des charnières à une extrémité. Si on le désire, on peut les soulever pour les mettre debout. Une encoche large est aménagée à l’extrémité libre. Elle permet de saisir la plaque autant que d’emménager une ouverture pour la vue lorsque celle-ci est debout. Elles ne tiennent pas à la verticale sans un maintien par les corps des personnes les soulevant.

 

Intention :

C’est une proposition pour la ville, une ville de plus en plus grande, lieu de rassemblement humain sans précédent et lieu d’anonymat pour l’individu. Tissu découpé, fractalisé, tenant ensemble quartiers, îlots, zones d’ombres : espaces plus ou moins poreux où des itinéraires singuliers se croisent, se frottent et s’alimentent. Lieu de tension, de crispations, de fermeture quand la démocratie est mise à mal.

C’est une proposition sculpturale à activer : elle demande du jeu, elle crée un espace, elle oblige à l’arrêt. Placée dans l’espace urbain, cette forme possède dans sa structure la potentialité de devenir un obstacle, un bouclier, un abri pour le corps ou le regard. Cette proposition est sans destinataire. L’objet ne porte en lui-même aucun « message ». C’est une proposition à la fois discrète et potentiellement monumentale, qui rassemble les conditions pour l’émergence d’un geste, d’une action. Geste premier d’édifier un mur donc un premier espace. Geste ambigu qui permet de se cacher tout en se donnant à voir. Geste perturbateur pouvant venir crisper le jeu dans l’espace urbain. Geste individuel ou geste collectif. Conditions pour un rassemblement volontaire, la création temporaire, ajustable d’une « communauté » d’individus.

La proposition existe non déployée. Le déploiement de cette structure dépend de la volonté, de la responsabilité de chacun ; elle dépend de l’engagement des corps. Elle est une potentialité d’indisciplines, non prévisible, non planifiable.

C’est une proposition de plier un espace pour l’occuper individuellement ou collectivement, s’y montrer et s’y dissimuler. C’est un monument pour se mettre debout.

 

« Hypnos saisit l’hiver et le vêtit de granit. L’hiver se fit sommeil et Hypnos devint feu. La suite appartient aux hommes. » R.Char