Ici commencent les chants Kerhallet pour le brasier

Sculpture et édition réalisées dans le cadre d’une résidence de création à l’école Kerhallet de Brest, février 2018 et Improvisation collective (chant), juin 2018 sur l’invitation de Passerelle centre d’art contemporain

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Le Brasier, pâte de riz et aquarelle sur grilles métalliques, environ 2 x 3 m, 2018

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Sacs de chant, édition imprimée, 7 affiches A1 et livre accordéon A2, 2018

 

Imaginant ces deux semaines de résidence de création dans le cadre très structuré d’un établissement scolaire, je me suis demandé s’il était possible, en tant qu’artiste, d’habiter ce type de lieu, de s’y installer, de s’y sentir bien et d’y avoir une pratique quotidienne de création. Quelle hospitalité trouverais-je en tant qu’hôte de mes hôtes ? Être l’hôte, c’est à la fois être inconnu, venir du dehors, être de passage, être parfois non conforme aux pratiques des lieux, être « étrange ». « Habiter » un lieu alors qu’on y est étranger, c’est donc devoir définir un nouvel espace de liens.

Comment créer dans ce lieu là ? Afin de retrouver des sensations de recherche, d’expérimentation, de travail d’atelier, j’ai déployé un ensemble de pratiques quotidiennes, d’actions répétées dont petit à petit a émergé des espaces de travail, des formes et un récit. Ces espaces de création se voulaient à la fois autonomes et ouverts à la rencontre. Je souhaitais que les enfants et les adultes travaillant dans l’école puissent venir m’y rejoindre quand ils le souhaitaient. La majorité des échanges étaient inscrits dans des cadres les moins directifs possibles et sur un temps le plus dilaté possible. La proposition s’est ainsi adressée non à une classe autour d’un « projet » mais à toute l’école, sur la base du volontariat, autour d’une pratique de création débordant la classe.

L’eau, élément fluide, sensible, élément du processus, était au cœur de cette proposition. 
Une sculpture a été créée par la répétition quotidienne d’un ensemble de gestes : mouiller des galettes de riz, les étendre sur des grilles métalliques, en « oranger » l’extrémité flottante à l’aquarelle, laisser sécher, attendre. En passant par des changements d’états et de textures propre à cette matière, nous sommes allés les mains dans l’eau vers la promesse d’un feu, d’un grand brasier.

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Conjointement, une « œuvre-outil » a été créée, une œuvre à chanter : des « sacs de chants ». Inspirés de la forme de certaines poésies rituelles d’indiens d’Amérique du Nord, ces grilles de lettres, composées à partir des noms modifiés des enfants, s’offrent au parcours du regard de mille et une façon et deviennent un support d’improvisations pour accueillir le grand brasier.

Il fallait oser se lancer. Mais celui ou celle qui osait était porté.e par les autres car le risque d’y aller ou pas est partagé au départ. C’est ce qui m’a intéressé aussi : l’accueil de ce risque, de la vulnérabilité, d’une liberté qui se cherche. Détaché du sens auquel on est souvent très attaché à l’école, c’est une autre attention et une autre écoute qui est possible.

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Parallèlement à la création de ces deux œuvres, un affichage quotidien dans l’école a porté ces gestes, cette présence étrange et ce récit d’une attente vers un point brûlant. 
A la fin de la résidence, la sculpture a été présentée au centre d’une des cours de l’école. Les enfants et les enseignantes ont improvisés des chants à partir du livre rassemblant les «sacs de chants».

 

Evènement du 23 juin

Le 23 juin, ont été présentées dans le patio du centre d’art contemporain Passerelle, ces deux oeuvres. A la manière d’une Scène ouverte, face à la sculpture, le public était invité à s’emparer de l’outil de chant pour cheminer librement dans cet espace de lettres, puiser une respiration, trouver un rythme, chercher une voix, déployer une mélopée : improviser et partager publiquement un chant. Quatre chanteuses et chanteurs du Conservatoire de Brest étaient également invités à découvrir cet outil de chant et mêler leurs improvisations à celles du public. Sans se connaître ni avoir répété, il s’est tissé pendant 1h entre les participants un bel espace, ample et fragile, d’écoute, de rebonds et de chants.

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Extraits :

1-Bzzethan/Grrisabelle  2-alphabet AMY  3-Ici non là  4-Lenblaane à la guitare  5-NumeLa  6-hE Oh  7-Je te suis 

Ici un article du Télégramme

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Un grand merci à toute l’école Kerhallet pour son accueil et au centre d’art Passerelle pour son invitation!

Merci aux chanteuses et chanteurs qui ont répondus à mon invitation : Anaïs Cloarec, Isabelle Iraola, Adrien Daussy et Ambre