images de l’installation, extraits de la vidéo projetée, visuel de l’évènement
abri – univers – île (la neige qui fond sur leurs lèvres sent la fumée et le soufre)
installation réalisée en collaboration avec Anne Lauroz - projection vidéo, miroir, farine, sucre, cabane en bois
Maison des Arts de Malakoff – cycle Ping Pong, Le Pool P. - Novembre 2011
Nous proposons une pièce collective sous la forme d’une installation, mêlant nos pratiques respectives : vidéo et sculpture. Cette pièce a été présentée du 12 au 27 novembre 2011.
Cette pièce est née d’une rencontre entre deux univers singuliers: dans l’un on y trouve de la couleur, du pixel, du copié et du collé ; dans l’autre des objets, des lignes, des corps et du jeu. Alliant ces ingrédients dans une démarche commune, prenant comme point de départ un lieu inattendu, nous proposons aux regards une installation-observatoire.
Le rendez-vous est donné au fond du jardin. Cachée derrière les jeux d’enfants : une cabane en bois. En observant par les fenêtres, on découvre un paysage, un petit univers, un soleil, une étendue étoilée… La cabane se fait abri pour une galaxie, un « univers-île » comme on la nommait à l’origine.
À la manière dont les enfants font d’un grand lit un océan et d’un drap une nuit de fantômes, ce lieu devient un lieu à part, le lieu d’une utopie, d’un jeu. Un jeu sérieux comme le sont tous les jeux, avec son cadre, ses règles et ses mystères. Une hétérotopie.
Etendue aride, berceau pour un frêle mirage, cette pièce est aussi une méditation sur le « paysage », cette notion construite par les artistes et qui fait qu’on ne contemple un champ de tournesols que parce que Van Gogh nous l’a préalablement donné à voir. Changeant, climatique, ce micro-paysage s’inscrit dans une temporalité. Il évoque des images archaïques, cosmologiques : une planète, des lunes, le ciel, un désert. Mais ces images sont données à voir en même temps que le dispositif de leur création : une projection, des miroirs, quelques bouts de ficelle. Voilà donc un mystère où tout est donné à voir. Y compris la place du spectateur. Entre expérience cinématographique et sculpture, entre engagement et mise à distance du corps, cette proposition interroge l’architecture de cette cabane et met en évidence son potentiel fictionnel.
Il est tenté ici une forme d’art articulant présence solaire et distance critique. Sont reprises ici des représentations cosmologiques qu’on retrouve à la fois dans l’art des sociétés les plus anciennes et les univers des planet opera. EIles ne servent pas un nouvel objet de culte, nostalgique des origines mythiques, car la présence en jeu est justement un jeu, une facticité revendiquée. Mais c’est un jeu qui nous permet aussi d’accueillir la part magique de ce qui nous est donné à voir, loin d’une vision rationnelle, raisonnée et cynique des choses.
Deux spectateurs pourront regarder ce paysage chacun par une fenêtre et ainsi se retrouver à la fois séparés et réunis dans une certaine distance intime. Il est proposé ainsi de voir dans cet espace retiré à la fois un lieu à l’écart propice à la contemplation mais aussi le lieu d’une possible rencontre. Le spectateur est explicitement mis dans la position active du « voyeur », de celui qui voit et qui est donc partie intégrante du dispositif de création des images. Il prend part à cette construction avec son œil mais aussi son corps. Cette pièce par sa construction souligne ainsi la dimension « tactile » de la vision. Ce qui est donné à voir est toujours donné à voir au sein d’un dispositif de monstration, d’une pratique sociale par des corps présents, situés et éphémères.
Voilà donc un paysage vers lequel se projeter, une étendue à traverser, une neige à accueillir. Celle qui lorsqu’elle fond sur les lèvres sent la fumée et le soufre.
abri-univers-île
Installation – video and combined materials - Collaboration with Anne Lauroz.
Maison des Arts de Malakoff, cycle Ping-Pong, Le Pool P. - November 2011
We created an observatory-installation in a small house deep in the garden of La Maison des Arts de Malakoff, a place located in the south of Paris.
Across the windows, a landscape can be discovered, a small universe, the cabin became shelter for a galaxy.
Like children imagine a large bed as an ocean and a white sheet as a ghosts night, this place becomes isolated, a place for utopia, a game. A serious game, as all games are, with their borders, their rules, and mysteries.
A “heterotopia” : created in the 1960s by Michel Foucault to define areas we have overlooked, the concept describes both real spaces simulating imaginary ones, and the areas in which society hides those living on its margins and considered deviants.
This piece is a meditation about the “landscape”, this artist notion created on the fact that we contemplate a sunflowers field only because Van Gogh beforehand gave us to see. Changing, climatic, this micro-landscape is enrolled in a temporality. It recalls archaic and cosmological pictures : a planet, few moons, a sky, a desert island. But these pictures are given to see in the same time as their system of creation : a video-projection, mirrors, few shoestrings.
Here there is a mystery we can see totally, including the spectator’s posture. Between cinematographic and scuplture experiences, between engagement and distance of body, this proposition questions the cabin architecture and gives it a potential of fiction. It was intended an art form connecting the sun presence and a critical distance. Cosmological representations have been used like those we meet in the very old art society and also in the universe of ” planet opera “. It’s not a new object of worship, nostalgic for mythical origins, because the presence is the game, the artificiality is taken on. But it’s a game which permits to receive a magic part that we watch, far from a rational vision, controlled and cynical.
Two people in the same time could see this landscape, each behind a window, being both separated and joined in an intimate distance. It was proposed to find in this area, an isolated place propitious for contemplation but also for a potential meeting. The spectator was explicitly in the active position of “voyeur”, who sees and makes an integrative part of picture’s creation system. He did it with his eyes but also with his body. This piece underlines the “touch” dimension of the vision.”